DEBARQUEMENT OMAHA

OMAHA : L'AERODROME

[source YC]

Présentation

Une piste d'atterrissage d'urgence, située sur le plateau entre Le Ruquet et St-Laurent, a été opérationnelle le 7 juin à 18 heures (?) pour les uns ou plus certainement le 9 juin (lire ci desous)

C'est le débarquement les 6 et 7 juin d'une unité de la 9ème AirForce: le 834ème bataillon du génie de l'air qui a permis de construire aussitôt une piste d'aterrissage prévue sur la falaise entre Vierville et St-Laurent. Mais le 7 juin ils ont constaté que cet emplacement était encore en cours de nettoyage par l'armée et très peu sécurisé. Ils ont alors jeté leur dévolu sur la falaise entre St-Laurent et Le Ruquet, beaucoup plus calme et déminée le 7 juin. Les travaux ont été menés les 8 et 9 juin et le premier DC3 a atterri en fin de journée le 9 juin.
On a souvent dit et écrit que la piste avait été construite en 2 jours, ce qui est vrai, mais on en a conclu trop hativement que la mise en
service a eu lieu le 7 juin au soir. Cet aérodrome a servi avec une efficacité innatendue a de trèsnombreuses évacuations sanitaires, à tel point que les évacuations maritimes ont très rapidement été abandonnées. Même des civils de St-Laurent blessés en sont partis en avion DC3

 

Création

Une piste d'atterrissage d'urgence, préparée sur le plateau entre Le Ruquet et St-Laurent, a été opérationnelle à 18 heures le 9 juin et les blessés ont été évacués par air à partir de ce terrain dès le 10 juin, un hôpital de campagne étant installé au voisinage, remplaçant le premier camp de prisonniers. 
 C'est le 834ème Bataillon du Génie de l'air qui s' est chargé de la construction. Il a été débarqué en 4 échelons les 6 et 7 juin. Compte-tenu de la présence de snipers, il n'a pu agir le 6 juin comme prévu. Le 7 juin les reconnaissances ont montré que le site initialement choisi sur la falaise de Vierville était encore trop miné et sous le feu de beaucoup de snipers. ll a alors été décidé de construire sur la falaise entre Saint-Laurent et Le Ruquet. Les engins ont travaillé rapidement les 8 et 9 juin, permettant à un premier DC3 "Dakota" sanitaire d'atterrir le 9 juin à 18h00. Cet avion a été abondamment photographié.


Caractéristiques:

Position : 49°21'55'' N - 00°52'21''O
Piste de 3400ft x 100ft en terre compactée
Azimuth 110°
10 aires de dispersion
Travaux a/c du jeudi 8 juin, opérationnel le vendredi 9 juin, restitué le 25 septembre 44

En août 44, cet aérodrome a servi, avec celui de Colleville (A22C), pour transporter 1000t / jour de carburants pour l'armée de Patton (3ème armée US) qui en manquait cruellement dans sa poursuite rapide des Allemands en retraite vers la frontière allemande.

Souvenirs

de Michel Hardelay

"...désirant compléter mes explorations, je m'engageai sur la route de Saint Laurent. 
Les troupes qui empruntaient cette route étaient peu nombreuses et se dirigeaient uniquement vers l'Ouest, tout au moins dans les dix premiers jours, au contraire des cortèges de prisonniers qui se rendaient, au début, sur l'emplacement du cimetière actuel de Colleville. Le camp fut ensuite transféré dans un grand pré entre Vierville et Saint Laurent. 
Lorsque j'arrivai dans le vallon de  Saint Laurent je découvris un hôpital de campagne sous des tentes et en plein fonctionnement.
Sur le plateau et en bord de falaise (entre StLaurent et Le Ruquet) avait été construite une piste d'atterrissage déjà opérationnelle le 7 juin au soir
(en fait elle a été opérationnelle le 9 juin au soir, les reconnaissances ont été faites le 7 juin, avec abandon de l'emplacement initialement prévu sur la falaise de Vierville et début des travaux le 8 juin)
sur laquelle étaient stationnés deux Douglas marqués de la croix rouge et autour desquels s'affairaient du personnel navigant féminin, en majorité. 
Des ambulances faisaient la navette entre l'hôpital et le terrain éloignés d'un peu moins de mille mètres. 
Ensuite je suivis un petit chemin donnant sur la route de Saint Laurent à Formigny et pénétrai dans un vaste herbage où était au repos ou en attente de transports environ un millier de fantassins. Chacun avait creusé un trou d'homme, obligation dictée par le règlement militaire. Ce trou servait d'abri individuel en cas de bombardement et, le cas échéant, à y dormir; à leur départ il y déposait ses boîtes de conserve vides et tout ce qu'il ne voulait pas continuer de traîner avec lui et le rebouchait avec la terre excavée. 
J'étais le premier civil qu'ils voyaient. Sur la demande de ses camarades l'un d'eux me questionna en excellent français
" A quelle distance de Paris se trouve-t-on ici ?"
Je répondis : 
" 270 kilomètres ou 170 miles", 
car ils paraissaient ignorer la valeur du kilomètre.
Puis je rentrai chez moi à Vierville."

de M. Conti du 834ème Bataillon du Génie de l’Air (Col John J. Livingstone, 9ème Air Force) se souvient et raconte


"Tôt le matin du 6 Juin, l'échelon avancé (un rhinoferry, avec le matériel de terrassement, et un LCT avec la Compagnie A et un détachement de la compagnie des Services) s'est approché de Vierville à 10 h 30. Le passage dans les obstacles n'était pas encore dégagé ... Après une demi douzaine d'essais pour approcher, l'artillerie a commencé à nous tirer dessus, touchant un moteur du rhino qui est devenu impossible à manoeuvrer. .... Nous ne pouvions plus avancer vers la terre et risquions de perdre nos équipements. La Marine a fait savoir qu'il n'y avait pas de place là pour nous et nous a remorqué jusqu’à la zone de mouillage des cargos.... Le 7, on a débarqué à Saint-Laurent. Nous devions aller à Saint-Pierre-du-Mont encore aux mains de l'ennemi. Des reconnaissances ont été faites pour trouver un autre site. L'un, sur la falaise, à la sortie E-1, a été retenu.
Nous avons avançé, déminant le terrain pour que les engins puissent passer et travailler .... Des équipes se sont occupé d'éliminer les snipers .... Dès que les engins ont pu travailler (le 8 juin), la piste a été tracée et nivelée.
Au début de l'après-midi (du 9 juin) des avions tournaient espérant atterrir. Quelques opérateurs radio de l'Air Force qui étaient avec nous ont servi. A court d'essence, ces appareils se posèrent bien que le terrain soit loin d'être terminé. Le Général Quesada (de la 9ème Air Force) s'y posa un des premiers ......


Ce même fait est rapporté par le pilote d'un C-47 du 31ème Groupe de Transport qui venait chercher des blessés. Alors qu’il se préparait à atterrir, le radio-contrôleur lui a demandé de dégager pour qu'un général puisse se poser. Il a repris de l'altitude et a appris en se posant ensuite que le général en question était le Général Quesada.
Dès son retour en Angleterre, le Major Général Quesada a téléphoné au QG de la Neuvième Air Force. " Incroyable ! Il y a un piste de 1000 m avec essence, munitions et approvisionnements sur le haut de la falaise. C'est une vrai, piste en terre. " La piste n'était pas revêtue.
Proche du terrain se trouvait un embryon d'hôpital. Mlle Tierney de la 806ème escadre d'Evacuation Sanitaire - s'y est posée le 11 Juin et elle se souvient du spectacle poignant de la plage. Elle est repartie avec 18 blessés. C'est le Colonel C. Feldmann (Commandant du 3lème Groupe de Transport) qui dirigeait cette première mission d'évacuation à bord de ces hôpitaux volants. Ces " avions miséricorde" ont été ces C-47 équipés de 18 brancards et de matériel d'intervention médical d'urgence. Elle s'est posée là 16 fois en Juin et 9 fois en Juillet. Son escadre, toujours transportée par le 31ème Groupe de Transport, a évacué vers l'Angleterre à partir de A21C et A1, en Juin 4.440 blessés et 6.590 en Juillet.
Le 15 Juin, le QG de la 9ème Air Force a demandé au Service Command de prendre en charge l’aérodrome A21. Des aires de stationnement furent ajoutées et recouvertes de grillage MST (à mailles carrées). Ce terrain a été utilisé comme terminal de transport et d'évacuation sanitaire.
Les jours qui ont suivi la tempête du 19 Juin qui détruisit le port artificiel d'Omaha, un fret important a pu être acheminés par ce terrain.
3 appellations ont été utilisés pour cet aérodrome: E1, T1et puis finalement A-21C. E1 probablement parce que proche de la sortie E1. T1 semble avoir été utilisé par le Service Command.
Le 834ème Bataillon a été décoré pour son action sur A21C, puis sur A1 (St-Pierre-du-Mont), puis sur A9 (Le Molay-Littry).

En complément voir la page d'Y Cordelle