LOGISTIQUE

le ravitaillement

QUELQUES PRODUITS DE RAVITAILLEMENT :
VIVRES CARBURANTS EAU SANG
"De Cherbourg à Caen s'étend le plus vaste entrepôt de ravitaillement de l'histoire" Eisenhower

VIVRES
C'est le "Quarter Master Depot" qui s'occupe du ravitaillement en vivres et qui distribue des milliers de caisses contenant des cartons de 48 boites de rations (C K B D A) venant directement des USA. C'est une des priorités et les stocks sont imposants, souvent mis dans les champs pour former un empilement de plusieurs mètres de haut, recouvert de papier goudron. Chaque Gi dispose de rations individuelles groupées par 10 :"10 in 1" qui suffisent largement pour la journée. Ces rations sont très largement fournies au Gi qui est donc un soldat très bien nourri, les normands en profiteront largement et échangeront produits frais, lait, cidre, calva contre les fameuses boîtes de ration !
A noter que se pose le problème des déchets, simplement résolu : le Gi qui doit creuser son" trou" pour dormir y mettra ses déchets avant de le reboucher ; en cas de présence trop importante d'insectes attirés par les détritus, les Gi's utiliseront beaucoup la poudre "DDT" et en abuseront(interdite depuis 1973)

RATIONS DE GUERRE
ration K
3 boîtes pour chaque repas (Breakfast: oeuf,jambon, barre de fruits et café soluble ; Dinner:fromage et poudre au citron ; Supper: soupe, viande (corned beef), barre chocolat; avec en plus des cigarettes, du chewing gum, du sucre et des biscuits à base de soja et autres...
Ce sont les rations habituelles du Gi au combat
ration C

6 boîtes de conserves à réchauffer de 2,5 kg équivalent à 3 repas (contenu semblable aux rations K :viande; légumes, sucreries, café soluble, chocolat, cigarettes...)
Ces rations sont peu appréciées.

ration
D
"Logan bar" c'est le fameux chocolat vitaminé
(très apprécié par les français...)
ration B
identique aux rations A sans les produits périssables consommées lors des repos, à l'arrière, hors combat, avec des plats chauds(ce sont les rations préférées des Gi's, elles constituent les 2/3 de la consommation)
autres
ration A
rations classiques de garnison et donc périssables.

 

CARBURANTS
La classe III de ravitaillement est tellement importante que très vite les Gi's l'appelle "Red Blood Express". En effet le matériel arrive chaque jour plus nombreux et consomme énormément

Matériel consommation
en litres
Nombre de véhicules
J+ véhicules
J+14 67.000
J+41 183.000
J+90 263.000
1 armée en mouvement consomme en moyenne 2 millions de litres par jour (soit 8 millions de litres pour toutes les armées!)
Jeep 12
Dodge 30
GMC 40
Half Track 100
Char M10 235
Chasseur Bombardier 550l/heure
 

Le POL (Petrole Oil Lubrifiant) s'occupe de ce ravitaillement, dirigé par le colonel Burford qui s'effectuera via trois systèmes :
-CLASSIQUE: dépôt sur les plages de jerricans et fûts lors des premiers jours du débarquement. Ce système est vite insuffisant, il faut mettre en place un ravitaillement d'envergure.
-MINEUR: C'est un réseau de pipelines qui à partir du pompage des tankers à 2 miles de Port en Bessin (des postes pétroliers sur les jetées de Port en Bessin et un sealine à Ste Honorine) envoie le carburant en cuves de stockage :

t

Ce système sera opérationnel seulement le 16 juin, le premier réservoir sera rempli le 25 juin au Mont Cauvin. Mais il demeurera la principale source d'approvisionnement lors de la bataille de Normandie tant que Cherbourg ne sera pas libéré afin d'y installer un système plus performant (PLUTO qui débutera fin Août)). Aussi de nombreux pipelines partiront vers les zones libérées :Isigny, Carentan, Montebourg, Saint Lô et bientôt ce seront 115 km de pipelines supplémentaires posés à partir de Port en Bessin ce qui fera passer le stockage à 30 millions de litres en cuve. (au lieu de 11 millions) et permettra de débiter 2,4 millions de litres par jour (ce qui sera à peine suffisant puisque une armée consomme 2 millions de litres par jour !)

-MAJEUR : fin Août s'ajoute le système Majeur, à partir de Cherbourg, qui apportera 4 millions de litres par jour. C'est un système nouveau :"PLUTO" Pipe Line Under The Ocean, véritable première qui consiste à poser deux oléoducs (13 août et 21 août) à partir de l'île de Wight jusqu'à Querqueville à l'ouest de Cherbourg (réalisation anglaise). De là, d'immenses stocks sont constitués (38 réservoirs de 10.000T soit 66 millions de litres))des motopompes vont renvoyer le carburant par des pipelines de 15 cm vers: La Haye du Puits, Lessay, Saint Lô, Vire, Domfront, Alençon, Chartres, Dourdan... (fin à Chalon sur Marne en janvier 45)
Le système mineur vient se greffer au niveau de Saint Lô.

Au total, l'ensemble s'étendra sur 8864 km en septembre 1944 avec un rendement de 10 millions de litres. Il utilisera 7700 soldats alliés (et 1500 prisonniers de guerre allemands)auxquels il faut ajouter la police militaire qui doit tout surveiller.
Mais bien que cette logistique soit parfaitement au point, l a rapidité de l'avancée allié fin août posera problème :en effet la pose de pipeline ne peut suivre ! il faut alors transporter par route (600 camions depuis Alençon)le précieux carburant de plus en plus nécessaire. Depuis le jour J les demandes ont bien évolué :

Consommation d'une Division blindée
Juillet
Août
carburant
1 tonne
4 tonnes
munitions
4 tonnes
1 tonne
Consommation en Avgas (carburant avion)
Juin
Août
135.000 l/jour 1 million de T / jour

 

Convois de Port en B vers la 9°US army (jerricans)
juillet 6,5 millions de litres
septembre 34,9 millions de litres
décembre 45 millions de litres

EAU:
La présence d'eau potable est un élément crucial et indispensable que ce soit pour les soldats ou pour les civils en temps de guerre ; on estime les besoins en eau d'un soldat à 4 litres par jour. Pour les deux premiers journées du débarquement la solution choisie a été la plus simple : le transport d'eau potable d'Angleterre. A J+1, le génie a commencé à installer du matériel de traitement qui consistait à "traiter" l'eau à partir des puits et cours d'eau. L'on se méfiait beaucoup de la possibilité d'empoisonnement par les allemands des différentes sources d'approvisionnement en eau. Ensuite, la priorité fut de remettre en état les circuits d'eau potable des villages et villes, ainsi dès le 11 juin Bayeux retrouvait son circuit en plein fonctionnement. Parfois, il fut nécessaire de construire de véritables stations

SANG
En Angleterre (Salisbury) l'on créa une importante base de dépôt de sang (et médicaments). Très vite, on installa dans le Bessin des dépôts réfrigérés à Ryes et à Littry ; en suite arriva directement des USA à Cherbourg, du sang. 5attanetion , le "red blood express" concerne l'essence !et non pas le transport de sang. Les alliés essayèrent de rapatrier le maximum des soldats blessés soit par avions sanitaires (cas de l'aérodrome de St Laurent) puis, plus tard par trains.