Témoins Normands

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ANDRE Mathilde, âgée de 33 ans, mariée, agricultrice à Saint Laurent sur Mer

«encore des bombardements»

Toute la nuit nous avons entendu bombarder. Naturellement nous étions à la campagne, il y avait juste un petit chemin qui montait à la maison provenant de la mer. Les Allemands n’avaient pas de voiture, ils avaient des chevaux, ils sont montés à la campagne et puis là, il y en a un qui nous a dit : «encore des bombardements ».

le 6 juin 1944 vers 6 heures du matin

J'ai rencontré mon premier américain le 6 juin 1944 vers 6 heures du matin, avec moi, il y avait mes enfants et mon mari.Cet américain était jeune et grand et il y avait des russes avec eux qui étaient plus âgés.

y en avait bien deux cents américains

Après y en avait bien deux cents américains et ils ont tout réquisitionné. Puis, ils sont repartis sauf quelques uns et quand j’ai vu que c’était des Américains, j’ai dit à ma petite fille : «va leur donner un bouquet de fleurs». Et comme il y avait des noirs et elle est revenue tout de suite en courant.

ils nous ont débarrassé des Allemands

Ils étaientt gentils et comme on habitait dans une ferme, il y avait six Allemands dans notre chambre pour surveiller et les Américains sont arrivés un peu plus tard le 6 juin et ils nous ont débarrassé des Allemands. Mais les Allemands fermaient les rideaux pour pas que l’on voit la lumière, on leur avait donné la chambre et nous, nous étions dans une autre pièce et tout d’un coup on les a entendu monter les escaliers et on les a compté, il y en avait six, ça on le savait! Mais je les ai compté et j’ai dit" il n’y en a plus que cinq! Alors, où est l’autre?" Et c’était les Américains qui l’avaient tué et ils ont tué les autres Allemands qui étaient chez nous.

"MERCI"

Nous étions tellement contents que la première chose que nous leur avons dit était :"MERCI". Ils ont pris des photos de nos enfants, ils ont donné des cigarettes à mon mari. Nous ne savions pas que c’était là qu’ils débarquaient car ils devaient débarquer dans une grande ville et ils ne savaient pas qu’ils étaient à Saint-Laurent et quand on leur a dit où ils étaient, ils ont été très étonnés. Ensuite, nous avons été évacués à deux ou trois kilomètres, nos enfants ont été emmenés dans un autre village mais on ne sait pas où.

le dentiste

On leur a donné des oeufs et du lait. Ils ont pris nos enfants dans leurs bras. Je me souviens d'une anecdote : j’avais mal aux dents et un Américain qui parlait un peu français m’a dit : «il faut aller chez le dentiste» mais il fallait un papier pour monter dans leur jeep et grâce à lui on m’a embarquée dans une jeep et puis ils m’ont emmené chez le dentiste.

Je possède encore du matériel et une photo.

 

DATE DE L’INTERVIEW : janvier 2004
LIEU :Trévières
DUREE : 30 min
RECUEILLI PAR :Benjamin Tougard