Témoins Normands

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VALLEE Auguste : en 1944, 22 ans, célibataire, cultivateur, les Vignées à La Cambe

"Nous ne nous sommes pas parlés"

"J'ai vu mon premier américain le 7 Juin , dans un champ de mes parents où je travaillais ; j'étais seul. Ce soldat poursuivait son chemin vers la route des Vignées ; il avait 25 à 30 ans environ 1,80 m, maquillé de noir, en tenue de camouflage, mitraillette à la main. Nous ne nous sommes pas parlés, j'étais inquiet étant donné que les soldats allemands étaient encore dans notre commune , avec la kommandatur près de chez nous et en même temps j'étais joyeux en pensant à notre libération.

"Du lait !"

Par la suite, les soldats américains ont installé une DCA. Un des soldats venait tous les jours aider ma soeur à pousser la petite camionnette à traire qui servait à transporter les bidons de lait ; pour lui faire plaisir on lui donnait du lait en échange.
Un jour, un soldat allemand qui se cachait dans les fossés, se nourrissant exclusivement en trayant les vaches, s'est approché du camp américain et s' est fait prisonnier.

" De la musique "

Un terrain d'aviation a été créé par l'armée américaine non loin de chez nous où les avions de chasse et les bombardiers atterrissaient jour et nuit. Ils avaient installé en haut d'un arbre un haut parleur pour passer de la musique et distraire les soldats.

"Une pioche"

Les américains nous distribuaient beaucoup de choses : confiture, chocolat chewing gum. Nous, on leur donnait du cidre et des oeufs. Aujourdh'ui, il me reste une pioche que j'ai gardée en souvenir "

Interview du 2/2/94 à La Cambe
Recueilli par Caroline Guillet, Emilie Lecanu , Sylvain Gidon
Transcrit par Caroline Guillet