DEBARQUEMENT 6 JUIN OMAHA

Témoignage de Michel Hardelay

18 - Les MP

Régler la circulation au carrefour
Ils avaient leur poste dans un petit bâtiment, ancienne boucherie, sans mur de façade et sans toit- ils en avaient fait un avec des matériaux de fortune - Deux de ceux-ci étaient des motards accoutrés de très larges ceinture de cuir. Leur travail consistait, ou outre les missions de police militaire, à régler la circulation au carrefour de la poste et notamment à siffler les camions qui perdaient une caisse en passant dans le trou causé par n obus tiré sur le carre­four le 7 Juin ; mais pas n'importe quelle caisse, car lorsque c'était un produit recherché (cigarettes, chocolat, etc...) :ils se le gar­daient pour eux afin de faire du troc.

110 véhicules minute!
Quand il y avait des convois ils réglaient la circulation et indiquaient aux conducteurs de tête leurs itinéraires et lieux de camp­ment, "areas" désignés par des mots courts :Able pour A, Baker, Charlie Dog, Easy etc.. Un Jour Je me souviens d'avoir fait un comptage : j'ai dénombré 110 véhicules en une minute!
Mais certains jours c'était beaucoup plus calme et il leur est arrivé de mettre la plus jeune des filles du père Louis en faction avec casque et baton blanc au milieu du carrefour et de s'être assis dans leur réduit. Un général était passé, s'était arrêté pour examiner cette nouvelle recrue et avait poussé un énorme éclat de rire.

une arme abandonnée
J'allais les trouver si je trouvais une arme abandonnée. Ainsi la postière, revenue voir ce qui lui restait, c'est-à-dire quelques mètres de potager, avait découvert un fusil dans ses salades.
J'avais prévenu les M.P., mais ils venaient de recevoir une note de service les avertissant que les allemands avaient pris l'habitude de piéger les objets les plue divers (clenche de porte, chaîne de WC, corde de puits, etc..,) en se retirant.
Je leur proposais da tirer de derrière un mur sur un fusil avec une corde munie d ' un crochet. Bien entendu rien ne se produisit, mais le fusil était chargé, ce devait être celui du Jeune allemand fait prisonnier devant nous le 7 Juin à 17 heures.

G.M.C
Les camions et le blindés empruntèrent la route tracée à flanc du vallon, dès que celle-ci fut terminée ; les blindés avaient un tracé spécial qui passait le long du parc du château, passait le long de l'enceinte du Vaumicel, puis l'ancienne Voie du Véret, pur se perdre dans le fonds de Vèret.
Le génie US avait cré un énorme by-pass pour éviter le carrefour de Formigny. Il partait du bas de la rue Capet pour faire un vaste cercle qui aboutissait à l'église.
Un jour, lorsque nous finissions de déjeuner, ma mère vit la cloison de la salle, derrière mon dos, se décoller du plafond et pen­cher dangereusement, puis reprendre sa place normale en même temps qu'une violente explosion se faisait entendre.
C'était un G.M.C. qui avait fait sauter une mine anti-char sur la nouvelle route ; il suivait pourtant d'autres camions qui étaient passés sans encombre. Je ne sais si c'était une mine oublié par Noël A DUBE (voir page 13)chargé du déminage de cet herbage; mais quand je parvins sur place le camion était les roues en l'air et l'on dégageait le conducteur tué à son volant.
L'accident s'était produit face à la maison Le Bastard, 1a dernière maison intacte dans la rue de la Mer (elle était occupée à cette épo­que par une vieille demoiselle, se prétendait Jeune car fêtant son anniversaire tous les 4 ans (elle était née… un 29 février), chez qui on venait chercher sa ration de tabac, avec tickets.